Lancés l’an dernier et positionnés dans l’entrée de gamme, les smartphones sous Firefox OS sont déjà commercialisés dans quinze pays. Aucune arrivée en France n’est prévue pour l’instant.
Au Mobile World Congress , les annonces les plus surprenantes ne concernent pas forcément les smartphones les plus chers. Cette année, les modèles à moins de 100 dollars leur ont parfois volé la vedette. D’abord avec Nokia, qui a dévoilé dès l’ouverture sa nouvelle gamme X utilisant le système d’exploitation Android de Google
Mais le constructeur finlandais, filiale de Microsoft, n’est pas le seul à s’attaquer au marché des smartphones « low cost », où Android et les constructeurs chinois règnent en maître. La Fondation Mozilla, qui propose depuis tout juste un an un système d’exploitation pour mobile appelé Firefox OS , a fait sensation en montrant à Barcelone ce qui pourrait être le smartphone le moins cher du monde, avec un prix de seulement 25 dollars (20 euros).
Pour l’heure, il ne s’agit que d’un prototype, et rien ne garantit qu’il arrivera un jour entre les mains des consommateurs. L’initiative est venue d’un équipementier chinois peu connu, Spreadtrum, qui a rassemblé sur un même composant les principaux éléments nécessaires à un smartphone (processeur, modem, mémoire, etc.) et affirme qu’il peut servir à concevoir un téléphone à prix imbattable. Doté d’un écran couleur de 3,5 pouces, le prototype présenté sur le salon propose la plupart des fonctions présentes dans un smartphone classique : navigation web, messagerie, applications, connexions sans fil en wi-fi et Bluetooth, lecture audio et vidéo... Il possède même un appareil photo de 2 millions de pixels. En revanche, il n’intègre pas de GPS, et son modem se limite aux technologies 2G et Edge.
Sept nouveaux modèles
Pour l’heure, aucun fabricant n’a annoncé de produit utilisant le composant de Spreadtrum. Mais, depuis la commercialisation des premiers téléphones sous Firefox OS en juillet dernier, ces terminaux sont désormais disponibles dans quinze pays, principalement en Amérique latine et en Europe. La liste devrait s’agrandir d’une douzaine d’autres marchés cette année - mais aucun lancement n’est pour l’instant prévu en France. La fondation Mozilla ne fournit pas de chiffres, mais des analystes estiment que ces appareils se sont déjà écoulé à 500.000 exemplaires en six mois d’existence.
« Nous ne fournissons que le logiciel, donc pour chaque nouveau pays, nous devons nouer des partenariats avec des opérateurs et des fabricants », explique Tristan Nitot, représentant de Mozilla pour la France. Les appareils, fabriqués par les constructeurs chinois TCL (sous la marque Alcatel One Touch) et ZTE, ainsi que par le sud-coréen LG, sont proposés notamment par Telefonica, Deutsche Telekom ou America Movil. Sept nouveaux modèles de « Firefox phones » ont été présentés lors du Mobile World Congress 2014, à des prix compris entre 70 et 100 euros.
Firefox pas disponible sur iPhone
Pour Mozilla, fondation à but non lucratif, le passage d’un logiciel de navigation pour PC à un système d’exploitation se justifie par l’importance prise par les smartphones dans l’accès à Internet. « Le prochain milliard d’internautes utilisera un téléphone, pas un PC », explique Tristan Nitot. Or il est difficile de proposer un navigateur web indépendant sur les plates-formes mobiles actuelles. Sur les téléphones Android, Firefox doit affronter la concurrence du logiciel Chrome de Google, pré-installé sur les terminaux. Et il n’est pas disponible sur iPhone, « car Apple ne nous autorise pas à utiliser notre propre moteur de navigation ». D’où l’idée de proposer un système d’exploitation pour téléphones « open source », basé sur un noyau Linux, et qui n’oblige pas les développeurs à créer des applications spécifiques car il utilise un standard venu du Web, le langage HTLM5.
Firefox OS est proposé gratuitement aux opérateurs et fabricants, et son utilisation ne rapporte pour l’instant rien à Mozilla. La fondation tire ses revenus (311 millions de dollars en 2012) d’accords passés avec les moteurs de recherche, principalement avec Google, qui bénéficie d’un accès direct depuis la fenêtre du navigateur Firefox sur PC. « A terme, le modèle économique de Firefox OS devrait être le même que celui sur PC », estime Tristan Nitot.